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Les Monnaies Locales répondent-elles vraiment à un besoin ? Sont-elles des outils de transition ?

Le doute s’installerait au coeur de nombre de Monnaies Locales Citoyennes et Complémentaires : la circulation des monnaies stagneraient sur plusieurs territoires, les militant.e.s bénévoles s’essouffleraient et se renouvelleraient trop peu, les moyens manqueraient pour garantir la rémunération de salarié.e.s...
Un des questionnements serait : Les Monnaies Locales répondent-elles vraiment à un besoin ?
Les particuliers n’en auraient pas besoin pour être des consommateurs avertis, préférant les produits les plus soutenables (à distinguer des produits dits "locaux" dont l’empreinte écologique est parfois très lourde), préférant les petits commerces à la grande distribution...

Oui les consommatrices et les consommateurs n’ont pas besoin de la Monnaie locale, c’est une économie de transition écologique qui a besoin d’elles et d’eux.

  • en changeant nos euros en monnaie locale, nos euros sont déposés sur un compte de garantie (à la NEF pour la Cagnole) et sont investis sur le territoire pour l’économie sociale et solidaire et la transition écologique,
  • la monnaie locale, de la même valeur que l’euro, n’est utilisable qu’auprès de partenaires engagé.e.s vers cette même transition écologique, indépendant.e.s des grands groupes financiers écocides.

La proximité, le local, ce peut être très bien, comme ce peut être une chimère

  • un maraîcher peut produire localement avec des serres chauffées par des énergies fossiles importées ou par de la biomasse écocide, des engrais et des pesticides importés, bien loin du "local = vertueux"...
  • un boulanger peut ne travailler que des farines industrielles, standardisées, importées, sans aucun lien avec le territoire,
  • le vendeur de vêtements peut ne vendre que des articles importés, produits à très bas coût, dans des conditions sociales et sanitaires déplorables...

En achetant mes produits en euros, j’enrichis la spéculation

  • mes euros dépensés rejoignent aussitôt la spéculation (moins de 5% de l’euro correspond à l’économie réelle)
  • mes euros quittent le territoire, ne bénéficient qu’à la marge à l’économie locale,
  • si je règle par carte bancaire, une part importante de mon argent ne bénéficie pas au partenaire mais au système bancaire qui est un Robin des Bois à l’envers (plus l’entreprise est modeste, plus elle est taxée...)

Les politiques pour soutenir l’économie de proximité peuvent être inefficaces

  • si l’argent public bénéficie à des commerces qui se fournissent qu’en dehors du territoire, la chaîne vertueuse est aussitôt brisée
  • si les entreprises n’ont aucun engagement sérieux du point de vue de l’environnement, elles contribuent à le dégrader, laissant le coût de ces dégradations aux collectivités et aux résident.e.s

Les politiques sociales pour soutenir les personnes en situation de précarité peuvent être inefficaces

  • si l’argent fourni aux personnes est dépensé sur le e-commerce, il échappe à l’économie locale, sans créer ni d’emploi ni de richesse
  • s’il est dépensé en grande distribution pour des produits tous importés, il ne produit pas de richesses au territoire.

Une véritable économie sociale et solidaire, pour une économie humaine, de proximité, une alimentation locale, bio et de saison, a besoin de la Monnaie locale, véritable outil de la transition.

Pascal Paquin, membre de la Collégiale de Courts-Circuits La Cagnole

Par Rédaction

Publié le jeudi 23 février 2023

Mis à jour le jeudi 23 février 2023